NAPLES - 28/01/08 -Jean-François Gayraud,* Commissaire divisionnaire et chargé de mission à l’INHES (Institut National des hautes Etudes de Sécurité) analyse la crise des ordures et des déchets, en Italie. Ce secteur serait contrôlé par les quatre grandes mafias : la Cosa Nostra en Sicile, la Camorra en Campanie, la Sacra Corona Unita dans les Pouilles et la Ndrangheta en Calabre. La commission parlementaire présidée par le député Massimo Scalia, estiment qu’elles contrôlent environ 30% des entreprises spécialisées dans le traitement des déchets ménagers et des déchets dangereux. La prospérité des clans camorristes daterait des années 1970/80 après leur « reconversion du trafic de cigarettes pour celui des stupéfiants » et leurs investissements massifs dans l’économie légale, entreprises de BTP, des gestion de déchets, ce qui leur ont permis d’emporter des marchés pour la reconstruction de Naples après le tremblement de terre du 23 novembre 1980.
D’après Jean-François Gayraud, les mécanismes se résument à quatre étapes majeures. 1. Collecte et gestion des déchets par les particuliers,entreprises industrielles, organismes publics (hôpitaux…). 2. Retraitement fictif des déchets. 3. Transport hors d’Italie, enfouissement clandestins ou recyclage de ces déchets en matériaux de construction. 4. Dépollution des terrains contaminés. Quelques chiffres : pour la seule Campagnie, on recense 132 lacs artificiels sur 300 km2 dissimulant des produits toxiques,180 décharges illégales. Le commissaire extraordinaire du gouvernement chargé des déchets, Guido Bertolaso affirme en 2007 que la région compte 1 million de tonnes de déchets enterrés, abandonnés ou dans des lieux de stockage « temporaires ». Un rapport du bureau environnement de l’Organisation mondiale de la santé publié en 2007 conclut à une surmortalité qui serait de 9% chez les hommes et de 12% chez les femmes vivant à Naples et Caserte. Au nord de Naples, une zone de petites villes est si polluée qu’elle a été rebaptisée le "triangle de la mort" en 2004 par la revue scientifique The Lancet Oncology. La hausse s'expliquerait par le passage de substances toxiques dans l'eau et dans les fruits et légumes qui y sont cultivés. Mardi 22 janvier, quelque 3.570 tonnes d'ordures non ramassées étaient encore accumulées dans les rues de Naples contre 7.100 une semaine auparavant. Cette énième crise des déchets à Naples et en région Campanie avait débuté fin décembre, et jusqu'à 110.000 tonnes de déchets s'étaient accumulés.
Sources : cahiers de l’INHES Les risques environnementaux : sommes-nous prêts ? janvier 2008
lundi 28 janvier 2008
Les « ordures » de la Camorra
Publié par Brigitte Bornemann - directrice des publications à 07:51
Libellés : déchets urbains, Italie
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