NAPLES (AFP) - 10/03/2008 - "Jamais nous n'aurions pensé en arriver là! Bill Clinton, François Mitterrand, le roi Juan Carlos ont dîné ici", soupire la directrice du grand hôtel Vesuvio dont le restaurant Caruso fermera ses portes dimanche, faute de clients en raison de la crise des déchets. Symbole d'une industrie du tourisme à l'agonie, le Caruso, avec sa vue à couper le souffle sur le golfe de Naples et le Vésuve, ferme "pour une durée indéterminée", affirme d'un ton amer Mariaclaudia Cardinale, précisant qu'il "sera occasionnellement ouvert dans le cas de réservations de groupes". "Personne ne veut plus venir à Naples, l'image de la ville a été complètement dégradée par les images des tas d'ordures à la télévision", affirme-t-elle, disant "devoir répondre régulièrement à des touristes inquiets sur la situation". La patronne souligne que l'hôtel Vesuvio, fondé en 1882, n'a cessé de baisser ses prix depuis quelques années, en raison de l'aggravation de la crise chronique des ordures qui affecte Naples depuis 1994. "En 2005, une chambre double qui coûtait plus de 250 euros, vaut 160 euros aujourd'hui", précise Mme Cardinale. "Nous avons 30% de réservations en moins pour l'hôtel et le restaurant par rapport à 2007, et ce alors que l'année dernière avait déjà été très mauvaise", poursuit-elle, ajoutant que seules une trentaine de chambres sur les 160 que compte l'hôtel ont été réservées pour Pâques, pourtant une période de haute saison pour la ville en temps normal. "La situation s'est arrangée, les rues sont plus propres, mais comment faire pour convaincre les touristes et les tour opérateurs ? D'autant plus que les tas d'ordures reviennent périodiquement", soupire-t-elle. Quelques 3.000 tonnes d'ordures étaient encore en souffrance samedi dans les rues de Naples, principalement dans les quartiers d'affaires et résidentiels, mais le centre-ville avait été largement nettoyé. Mais c'est à l'ouest de Naples que la situation est la plus grave, dans la région volcanique des champs phlégréens, près du port antique de Pouzzoles. Là, d'immenses tas d'ordures s'accumulent au bord des routes, dégageant une odeur nauséabonde à quelques mètres seulement de l'entrée de l'amphitéâtre Flavio, troisième d'Italie par sa taille, de la grotte de la Sybille, à Cumes, et du lac d'Averne, célèbre car il était considéré par les Grecs comme l'entrée des enfers. "La situation a empiré depuis janvier. Tous les restaurants sont fermés et les commerçants désespérées car la saison s'annonce très mauvaise", affirme Nando, un habitant de Pouzzoles. Le président de la chambre de commerce de la région de Naples, la Campanie, Maurizio Maddaloni, parle de 30% de baisse des réservations à Naples, et souligne que les sites touristiques autour de la ville, Pompéi, Herculanum, les îles de Capri et d'Ischia sont également affectés par la crise. L'année "2008 s'annonce comme une année noire pour le tourisme à Naples", résume-t-il, ajoutant que même si la crise se résolvait, "la situation serait difficilement rattrapable".
lundi 10 mars 2008
Déchets de Naples : le tourisme sinistré pour longtemps
Publié par Brigitte Bornemann - directrice des publications à 07:44
Libellés : déchets urbains, Italie
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